Conférence Cycle 1 et 2 - Luzarches mars 2010 Intervention d’Evelyne COLLIN- ROVELAS - 10 mars 2010

Je vous remercie encore de votre présence attentive.
Nous vous mettons les éléments de synthèse de la conférence ainsi que les axes évoqués lors de la présentation

Pascale VIGOUROUX - IEN Viarmes Luzarches

CONFERENCE Cycle 1 et 2

Intervention d’Evelyne COLLIN- ROVELAS- 10 mars 2010

  • Bibliographie

« La maternelle, Première école, premiers apprentissages »- manifeste Hachette

AMIGUES (R.), ZERBATO-POUDOU (M.T), Comment l’enfant devient élève,Retz, 2009.

  • Un bilan contrasté

La perspective de sa disparition annoncée est écarté aujourd’hui ; mais pas complètement ; « elle reste sous les feux de la rampe. »

  • Atouts

Il faut rappeler sa capacité à scolariser la quasi-totalité de 3-6 ans. Elle a su développer des modèles d’apprentissage singuliers, originaux et reconnus. Elle prépare les élèves à l’école élémentaire ; les évaluations CP montrent l’acquisition en amont de compétences solides sérieuses et développées.

  • Faiblesses

Elle contribue peu à la réduction des déterminismes sociaux.

ü 15% des élèves quittent l’enseignement primaire en situation d’échec (échec qui n’est pas compensé par la suite)

ü le redoublement à l’école élémentaire touche :

ü 41% des enfants des ménages inactifs

ü 20% des enfants d’ouvriers et d’employés

ü 7% des enfants de cadre

ü 3% des enfants d’enseignants

La courbe de progression a stoppé depuis 1985. L’école maternelle semble démunie face aux plus fragiles. Le redoublement constitue le Ier signe prédictif de l’échec scolaire et sortie de l’école sans diplôme.

 

CE QUI EXPLIQUE CES DIFFERENCES D’UN GROUPE SOCIAL A L’AUTRE

La nature des sollicitations des enfants d’enseignants et de cadres ne sont pas les mêmes ; Les « Feed backs » ; les explicitations sur ce qui se fait à l’école est facilitant et apparaît comme étant un facteur de réussite. Les modifications de pratique qui associant les pratiques d’accompagnement, d’explicitation sont encouragées. Les programmes ont évolué au fil des années. La posture d’élèves, métier d’élèves, présents pour la première fois dans les programmes.

  • Les 3 enjeux fondamentaux de l’école maternelle :

1. Socialisation

2. Posture d’élève

3. Construction des compétences prédictives de réussite

 

1. Socialisation

L’Ecole Maternelle est elle vraiment une école ? pas acquis chez tout le monde dans notre pays ; effort de conviction à mener auprès des parents d’élèves

Apprendre et comprendre

Il s’agit d’initier une forme scolaire particulière et passer « de vivre ensemble à apprendre à vivre ensemble » à « apprendre à apprendre en semble » ; comprendre que apprendre en semble c’est plus important et intéressant qu’apprendre seul.

Entrer à l’école :

1ière c’est rentrer dans un temps réglé (assis sur des bancs)

2ième expérience : l’espace : 60 m 2 de classe ; dimension immense pour des tout petits

3ième : Expérience du bruit :

4ième : le groupe : les effrayés qui tapent, les plus inhibés intériorisent. Il s’agit de faire quelque chose de ces expériences qu’il faut traiter.

 

2. Posture d’élève

Construction d’une posture d’élève : le transversal de tous les apprentissages

  • Se prendre en charge
  • Ressentir et dire : besoins identifiés (voir tablier enfilé les 2 bras devant)
  • La galaxie familiale (le roi du monde de papa, maman, etc.) leur apprendre progressivement à se décentrer.
  • Expliciter les comportements de décentration ; comportement invisible : devenir élève (se mettre en situation d’écoute, qui est une compétence essentiellement scolaire)
  • Rendre explicite cette posture attendue : être en position d’écoute sur des enjeux importants pour eux ; apprentissage du pilotage de l’attention.

 

3. Construction des compétences prédictives de réussite

  • Capacité à se mettre en projet d’apprentissage : le projet de l’enseignant qui devient le leur : Voir travaux de Paris VIII : comprendre les attentes de l’école
  • Projet d’apprentissage à faire partager aux familles.
  • Les élèves en sont encore à confondre « faire » et « apprendre ». Ils croient qu’ils sont en train de découper et de coller des étiquettes, finissent par oublier qu’ils sont en train de remettre des mots dans l’ordre.
  • Evelyne COLLIN revient sur l’univers singulier de l’EM. Parler, se taire, bouger un peu. C’est aussi le lieu de la rencontre avec l’arbitraire et l’apprentissage du signe : Le A

 

Les points de vigilance :

La première année est déterminante : c’est elle qui engage tout.

Dans les cartons un projet de jardin d’enfants jusqu’à 4, 5 ans et une dernière année en école maternelle.

La Maîtrise De La langue est centrale ; les élèves fragiles sont très souvent bruyants mais le plus souvent très silencieux.

Le passé scolaire prestigieux de ce pays est évoqué mais l’image de l’Ecole Maternelle est un peu écornée aujourd’hui. 10% est assurée d’un échec massif.

Il s’agit bien augmenter les capacités de la majorité de nos élèves.

Les premiers enjeux de la 1ière année de scolarisation :

ü devenir écolier ; ce n’est pas magique.

ü Organiser la classe en début d’année de façon plus souple ; ouverture à plus de manipulations, plus de choix, plus d’individualisation.

ü Le langage joue un rôle particulier ; expliciter en permanence ce que l’on va faire, comment on va le faire, comment on sait que l’on a fini ; accompagner verbalement tout ce que l’on va faire : mettre des mots sur les choses.

ü Recherche d’un meilleur consensus su l’école entre la famille et l’école. La famille et l’école doivent parler d’une seule voix de ce qui se fait à l’école : recherche de l’harmonie avec la famille ;

ü Objectif à atteindre pour l’enfant : Apprendre à devenir des grands, à prendre du pouvoir sur le monde.

 

Maitrise de la langue

· Il s’agit bien de favoriser l’émergence de la pratique langagière et d’identifier là où ils en sont.

· Parlent et ne parlent que sur leurs expériences immédiates ; peu de prémices de langage décontextualisé.

· Trouver des supports : objets, albums.

· Langage en situation, d’évocation ou d’anticipation

· Langage décontextualisé.

· Travail sur les synonymes, sur les syllabes, sur les devinettes.

· Soigner l’oral du maître (tuteur de parole pour le petit) pas de double négation, pas d’inversion du sujet ; formes langagières adaptées aux interactions, mots génériques inappropriés

· Langue orale plus complexe que l’écrit en raison des enchâssements et des emboîtements.

· Niveau d’oral du maître qui va varier selon le moment ; se souvenir que les compétences en réception sont plus importantes que le langage en production.

· La Maîtrise De La Langue (MDL) / acculturation et enrichissement de la langue pose la question du patrimoine culturel commun.

· Fin de GS : devraient être tous capables de restituer le schéma quinaire de la structuration des contes selon Vladimir PROPP.

· Le travail sur la compréhension des textes est important à mener ; sur l’implicite des textes, sur le système de pronominalisation

· Pas de souci majeur sur le déchiffrage.

· Constitution d’une mémoire, capacité à repérer les ellipses, les liens qui unissent les personnages, les motivations des personnages, isoler des héros positifs et des héros négatifs.

· Le stock lexical : construire des programmations sur le lexique (échelle de fréquence ; tant de mots ; ceux qui nomment, qui qualifient, ce qui font…) et la syntaxe (outil : ouvrage de Philippe BOISSEAU : grille de progressions ).

 

3e point de vigilance Les enfants fragiles : leur transformation en élève n’est pas facile

· Grand décalage langagier, difficultés sociales, ceux qui ne rentrent pas dans les activités.

· Cf les travaux de Bernard LAHIRE : « malheur de la double solitude » ceux qui ne retrouvent rien de ce qu’ils vivent à la maison ; corrélation entre langage et classe sociale.

· Solitude d’écolier à la maison et d’enfant à l’école.

· Comment conjurer le malheur de la double solitude ?

· La perception du statut de savoirs et le sens des activités est très discriminante : retour sur le texte de GOIGOUX sur les 7 malentendus capitaux de l’école maternelle.

ü ne perçoivent que la partie visible de l’activité

ü pense qu’il change d’activités à chaque étape de la réalisation

ü attention à ne pas fournir du trop beau matériel ; les élèves s’attachent plus à la forme, l’aspect au détriment du sens.

ü Nous passons notre temps à valoriser les réussites ; garder de l’attention pour tous les élèves et pour toutes les propositions ;

· Première modalités d’apprentissage en imitation

· Identifier dans chaque exercice tous les compétences sous jacentes ; valoriser tous les essais ; mettre des mots dessus

 

Les outils utiles : cahier de réussite, cahiers de progrès (aujourd’hui j’ai réussi ceci, cela, j’en garde trace, je peux montrer, revenir…)

 

Les pistes

· Identifier les objectifs prioritaires ; les programmes 2008 très précis à cet égard ; qu’est-ce que je veux qu’ils apprennent.

· Question de la progressivité des apprentissages (ex les connecteurs temporels et spatiaux)

· Question de l’évaluation ; « on a du mal…car longtemps on n’était pas vraiment une école alors pourquoi évaluer »…Depuis 2002 et 2008 évaluation attendue des acquis au cœur de nos préoccupations d’abord pour savoir comment organiser nos apprentissages ; savoir sur ce qui déjà là. (les acquis moteurs, les acquis langagiers) prendre la mesure des compétences motrices pour réguler l’enseignement. Dans l’idée d’une évaluation formatrice (cahier de progrès).

· Aussi évaluer les acquis chaque fois que l’on a appris quelque chose au fil de l’année ; le rendre compte aux parents.

· Fin de l’école maternelle : bilan des acquis de fin d’école maternelle

· Fin du palier 1 : évaluation CE1

· Fin du palier 2 : évaluation CM2

· Pratique quotidienne de la classe : une pédagogie de l’explicite

· Nous restons encore beaucoup dans l’implicite ; poser un horizon d’attente

· Modéliser les temps d’apprentissage : ne pas craindre la structuration « excessive, » la ritualisation

· Apprendre c’est catégoriser : mettre ensemble ce qui est ensemble.

· Veiller de façon comptable avec une grille avec codage ; prendre le temps de l’observation : mot-phrase, phrase simple ou phrase complexe

· Organiser la classe de façon à ce que tous les élèves bénéficient d’un atelier avec présence de l’enseignant chaque jour.

· Ateliers découverte du monde, atelier dirigé par semaine, atelier maths, ateliers maîtrise de la langue.

· Réorganisation du temps : évocation de la « chasse au gaspi » , perte de temps : le regroupement trop long , le passage au toilette collectif. Se rappeler que l’enseignant est pénalement responsable jusqu’à 11h30.(nécessité de concertation et de cadrage auprès des services municipaux). Faire en sorte que la classe ne soit nettoyée avant 16h30

· 2 ateliers par journée

· Qui surveille la sieste ?

· Enseignants invités à réorganiser leurs emplois du temps

·  Faire équipe ; ne pas rester seuls. Faire voyager les idées

· Penser ensemble, se poser les mêmes questions ; inscrire son travail, ses démarches, se mettre d’accord sur les essais de réponse.

· Comment contractualiser les démarches, les processus

· Accepter de s’engager dans la co-éducation ; plus difficile avec les parents loin de nos valeurs, qui ne nous ressemblent pas : parvenir à les apprivoiser. Maintenir la neutralité absolue ; obligation d’ouverture de l’école

· L’aide personnalisée

· Grande interrogation à l’école maternelle ; défini des priorités : Maîtrise De la Langue

· Devenir élève, découverte du monde

· Préconise en PS, MS et GS.

· Programmation annuelle

 

Conclusion

· Une école pour tout le monde

· Faire de L’Ecole Maternelle une école à part entière

· Limiter les effets des différences sociales en explicitant ce qui ce fait ce qui se vit à l’école

· Faire un pari positif pour tous les élèves.

 

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